Objectif Suède
Blog sur la Scandinavie

21.09.05

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Catégories: Stockholm

Le vaisseau de guerre suédois Vasa

Cet exposé a été réalisé dans le cadre d'un projet culturel à l'INSA de Lyon où j'ai fait mes études.

Le Vasa est un vaisseau de guerre suédois du 17ème siècle. Il coula dès sa mise à l’eau et a été redécouvert en 1956 par Anders Franzen dans le port de Stockholm. Il a été renfloué, puis, après une longue période pendant laquelle le bateau a été traité chimiquement pour éviter qu’il ne pourrisse, il a été transformé en musée. Ce musée est maintenant le plus visité de Suède et le Vasa est devenu en quelque sorte l’un des symboles de la Suède. Dans cet exposé, je m’attacherai à montrer les raisons qui ont poussé les Suédois à construire un tel navire. Qu’est ce qui a fait que ce bateau en particulier soit devenu l’un des symboles de la Suède ? Je commencerai par présenter le bateau en lui-même et j’essaierai de le recadrer dans son contexte historique. J’étudierai ensuite le symbolisme du bateau, autant au 17ème siècle qu’après son renflouage et sa transformation en musée.

[Suite:]

1 Présentation du bateau
1.1 Contexte historique
C'est sous le règne de Gustave Vasa (1523-1560) que furent jetées les bases de l'État national suédois. L'Eglise fut nationalisée, ses biens confisqués par l'État et la réforme protestante progressivement menée à bien. En même temps, l'administration fut organisée sur le modèle allemand et le pouvoir se concentra entre les mains du souverain. Le pouvoir royal fut encore renforcé en 1544, lorsque le pays devint une monarchie héréditaire, après avoir été un royaume électoral dans lequel l'aristocratie avait son mot à dire lors de chaque succession au trône. Gustave Vasa est d’ailleurs souvent considéré comme le fondateur de la nation suédoise. Il est mort en 1560 et son premier fils Erik XIV a hérité du trône. Après un conflit fratricide, ce furent successivement le deuxième fils de Gustav Vasa qui héritèrent du trône en 1569 puis son dernier fils qui devint roi de Suède en 1607 sous le nom de Karl IX. Ce dernier est décédé en 1611 et son fils Gustav devint roi à l’age de 17 ans Il prit le nom de Gustav II Adolf et allait devenir l’un des principaux roi d’Europe.

Depuis la rupture de l'union avec le Danemark et la Norvège en 1521, la Suède avait axé sa politique étrangère sur la conquête du contrôle de la mer Baltique. C'est ce qui provoqua, à partir des années 1560, des conflits armés avec le Danemark. Cette politique étrangère nécessitait donc une marine forte et c’est l’une des raisons pour laquelle le Vasa fut construit. D’ailleurs, cette volonté de contrôler la mer Baltique entraîna aussi des conflits avec la Russie et la Pologne. Ces deux pays ont en effet également une ouverture sur cette mer. Les suédois cherchaient en fait à stopper le commerce des polonais avec l’Europe de l’Ouest.

Au 16ème siècle, la Suède reste cependant un pays pauvre et n’a que peu d’échanges économiques avec les autres pays européens. Cela change rapidement au siècle suivant grâce aux conquêtes des rois successifs. Les provinces conquises à l’Est sont une source importante de revenus. En 1617, la guerre de 30 ans commence en Allemagne entre les catholiques et les protestants. La Suède qui est une nation protestante se sent menacée et intervient dans la guerre pour protéger ses intérêts et empêcher que les catholiques ne parviennent jusqu’au territoire suédois. Sous la direction de Gustav II Adolf, les Suédois remportent des batailles importantes et la Suède devient peu à peu une puissance majeure en Europe. Gustav II Adolf, dans sa volonté de voir la Suède comme une puissance à l’échelle européenne s’est donné les moyens de ses ambitions. Le Vasa devait être un de ces moyens.

1.2 La marine au 17ème siècle
Les bateaux du 17ème sont le fruit d’une évolution commencée depuis l’antiquité. Les premiers voiliers sont en effet probablement apparus sur le Nil, en Egypte. Au 15ème siècle, le bateau le plus largement répandu est la caravelle. Originellement, c’était un bateau de pêche, mais ses bonnes performances l’ont vite conduit à devenir un bateau de commerce et d’exploration. Christophe Colomb a d’ailleurs découvert l’Amérique avec 3 caravelles. La caravelle pesait de 60 à 200 tonnes et pouvait être équipée de voiles latines (triangulaires) ou rectangulaires. Sa longueur était d’environ 20 mètres.

L’évolution des voiliers conduit à une augmentation de leur taille. La longueur, le tonnage, le nombre de voiles et de mâts augmentent progressivement. C’est ainsi que la caraque apparaît à la fin du 15ème siècle. Elle compte 3 ou 4 mâts et ses châteaux d’avant et d’arrière sont caractéristiques par leur grande hauteur. Comme la caravelle, ce bateau sert au commerce et à l’exploration. La flotte de Magellan était uniquement composée de caraques lorsqu’il a entrepris son tour du monde. Certaines caraques sont armées de canons et servent donc dans les batailles navales.

Par la suite, le galion naît des transformations de la caraque. Ce type de bateau est souvent associé à l’Espagne et à l’exploration du nouveau monde. En fait, même si à priori, le galion est né en Espagne, il s’est très vite répandu en Europe car on le trouve aussi bien en France, en Angleterre et en Italie vers le milieu du 16ème siècle. Le galion est démesurément grand pour l’époque. Il peut mesurer jusqu’à 70 mètres de long pour un tonnage de plus de 1000 tonnes. C’est un bateau de premier rang dans les flottes des grandes puissances. En fait, la forme mal adaptée et inefficace de la caraque est l’une des raisons pour lesquelles le galion joue un rôle majeur à partir de la fin du 16ème siècle. La forme de sa coque, beaucoup plus effilée, permet un meilleur écoulement de l’eau autour du bateau et réduit ainsi la résistance à l’avancement. Le navire profite aussi d’une meilleure manœuvrabilité et d’une meilleure tenue de mer. D’autres différences, moins importantes, permettent également de différencier caraque et galion. Par exemple, la poupe arrondie de la caraque devient plane et permet de supporter le poids du château du gaillard d’arrière. Le château du gaillard d’avant est reculé, ce qui améliore les performances du voilier, en particulier lors de la navigation au près. Des changements progressifs dans la voilure contribuent aussi à l’amélioration des performances du bateau.

L’Espagne, qui avait été la puissance dominante en Europe au 15ème siècle, était sur le déclin. C’était alors la France et l’Angleterre qui détenaient et construisaient les navires les plus imposants. Comme pour la caraque, on associait au galion, qui était un navire très imposant, une image de prestige. Une course à la grandeur avait commencé, guidée par les nouvelles idées de la Renaissance. La puissance d’un pays pouvait en quelques sorte se mesurer à la taille de ses bateaux de premier rang. Je développerais ce point plus loin. Les galions du 17ème siècle étaient donc très lourdement armés et très richement décorés. C’était le cas du galion anglais « Prince royal » construit en 1610 et qui était le bateau le plus grand de l’époque avec ses 64 mètres de long. Le galion suédois « Vasa », construit en 1627, est directement inspiré du galion français « Saint Louis ». Le roi Gustav II Adolf ayant vu des représentations de ce navire ordonna la construction d’un galion similaire, mais plus grand et plus puissant. Tous les deux étaient construits avec l’aide d’architectes hollandais. Ceux-ci possédaient en effet un savoir technique très avancé dans le domaine de la marine. Ils construisaient des navires pour de nombreux pays européens.

La nécessité de la grande taille des bateaux était également imposée par les armes de l’époque. Les canons embarqués sur les navires du 17ème siècle avaient une portée qui ne dépassait pas 1500m. Ainsi, lors de batailles navales, les flottes ennemies se combattaient à une distance très réduite. La précision des armes était de plus très mauvaise. Il paraît donc évident que posséder un grand nombre de canons était un avantage important, d’où la nécessité de construire de gros vaisseaux. Les galions et le Vasa en particulier étaient en effet très lourdement armés. Un autre point important des tactiques employées à l’époque tenait à la mauvaise manœuvrabilité des navires. Ils remontaient difficilement au vent. Etre du côté du vent au début de la bataille se révélait donc très souvent être un avantage déterminant de l’issue de la bataille, même si la flotte ennemie était plus nombreuse. Une fois la bataille engagée, la tactique employée visait à réduire la manœuvrabilité des navires ennemis. Les canonniers cherchaient donc à détruire leurs mâts ou visaient la ligne de flottaison pour faire couler le bateau, même si en général, on cherchait à capturer les navires ennemis par un abordage et le combat de soldats.

1.3 Histoire du Vasa
Dans les années 1620, la Suède était donc en pleine expansion et était en guerre contre plusieurs pays. Le roi Gustav II Adolf affirma alors « Après Dieu, la prospérité d’une nation dépend de sa marine ». La politique expansionniste du roi devait donc nécessairement passer par la modernisation de la marine suédoise. Elle consistait alors en une centaine de petits vaisseaux mal armés. Le vice-amiral Klas-Fleming ordonna donc la construction de 25 nouveaux navires. Malheureusement, 14 navires sombrèrent lors de tempête entre 1620 et 1625. En 1625, le roi demanda la construction de 4 nouveaux bateaux : 2 navires de premier rang dont le Vasa et 2 plus petits. Le Vasa fut ainsi nommé en référence à la dynastie de l’époque en Suède. L’architecte hollandais Henrik Hybertsson fut chargé de la construction des navires.

Le bois utilisé pour la construction du Vasa était du chêne provenant de forêts appartenant à la famille royale. 1000 arbres ont été abattus pour construire le Vasa. A l’époque, il n’existait pas de plan précis pour la construction des bateaux. Des schémas approximatifs étaient dessinés pour calculer les dimensions des navires. La coque était construite à terre, puis, une fois que le bateau pouvait flotter, la construction se terminait sur l’eau. En effet, il aurait été très difficile de lancer le bateau une fois terminé à cause de son poids élevé. Finalement, à la fin de la construction du Vasa, la marine suédoise comptait 8 grands navires de guerre et 21 plus petits.

Le 10 août 1628, le Vasa lève l’ancre pour son premier voyage. Après avoir tiré une salve de canon et devant une foule importante, les voiles sont déployées. Une rafale de vent de sud lui donne alors un gîte important et l’eau commence à rentrer par les sabords inférieurs. Les sabords sont les ouvertures construites dans la coque par lesquelles les canons tirent. Elles sont généralement fermées durant la navigation mais, pour l’inauguration du bateau, l’équipage les a laissées ouvertes. Sentant le navire pencher dangereusement, les marins à bord essaient alors de le remettre d’aplomb, mais leurs efforts ne suffisent pas et le Vasa sombre par une profondeur de 30m. L’équipage du voilier comptait 200 personnes. 50 d’entre elles ont périt dans le naufrage.

L’enquête qui fit suite au naufrage conclut que le ballast était insuffisant et le bateau mal proportionné. Le roi aurait en effet demandé, alors que la construction avait déjà commencé, de rajouter un pont de canons supplémentaire. L’architecte n’avait prévu qu’un seul pont de canons et aurait du reconstruire le navire pour qu’il puisse naviguer en toute sécurité. Cependant, des contraintes de temps l’ont obligé à passer outre.

Le Vasa en quelques chiffres :

Poids de la coque : 1200 tonnes
Poids du ballast : 120 tonnes
Longueur totale : 69m
Plus grande largeur : 11,7m
Hauteur de la quille au sommet du grand-mât : 52,5m
Tirant d’eau : 5m
Nombres de voiles : 10
Nombre de canons : 64
Trois mâts : mât de misaine à l’avant, grand-mât et mât d’artimon à l’arrière.
Equipage : 3 officiers, 14 officiers mariniers, 12 artisans, 90 matelots, 300 soldats.

2 Le symbolisme du Vasa
2.1 L’abondance des décorations
Le Vasa était un navire très richement décoré. Comme je l’ai montré précédemment, c’était courant pour les navires de premier rang au 17ème siècle. Dans la suite de ce paragraphe, je détaille les emplacements des principales décorations. Au-dessus de la poupe du Vasa se trouve le château du gaillard d’arrière. C’est sans doute la partie la plus marquante du bateau par sa taille et ses ornementations. Il mesure 20 mètres de haut et compte à lui tout seul la majorité des sculptures du Vasa. A l’intérieur du château du gaillard d’arrière se trouvent les cabines des officiers et du commandant. Elles sont ornées de sculptures et peintes. Les fenêtres de la cabine du commandant sont même pourvues de carreau en verre, ce qui est un luxe pour un navire de l’époque. De chaque côté du gaillard d’arrière, on peut apercevoir deux balcons. Ce sont en fait des galeries doubles, ce qui est très rare. Comme le château du gaillard d’arrière, les galeries sont richement décorées et étaient probablement peintes, voire même dorées. Les sabords sont couverts par une sculpture représentant une tête de lion. La dernière partie richement décorée est le château du gaillard d’avant. Outre de nombreuses petites sculptures, la figure de proue représente un lion et pèse plus de 450kg.

2.2 Les raisons de ces décorations
On est en droit de se demander les raisons de l’abondance des décorations sur le Vasa. De nombreuses heures de travail ont été nécessaires pour décorer un navire de guerre qui devait avoir une durée de vie relativement courte. En effet, la durée de vie moyenne de ce genre de vaisseaux au 17ème siècle était d’environ 20 ans seulement. De nos jours, cet argent dépensé à décorer un bateau serait considéré comme du gâchis. Pour comprendre pourquoi tant d’énergie a été dépensée dans l’ornementation du Vasa, il est nécessaire de connaître un peu les traditions et croyances de l’époque. En effet, les décorations du Vasa n’ont pas comme seule fonction d’impressionner l’observateur. Au début du 17ème siècle, la religion et la magie étaient beaucoup plus importantes que maintenant. La décoration des bateaux était très courante de l’antiquité au moyen-age, en passant par les vikings. Les bateaux étaient ornés de symboles magiques et d’images de dieux ou d’esprits. Ceci afin d’apaiser les dieux pour obtenir une météo favorable et ainsi bénéficier d’un avantage sur l’ennemi. Ces décorations servaient également à remonter le moral de l’équipage et devaient impressionner l’ennemi. C’était en quelque sorte un atout psychologique.

Au 16ème et 17ème siècle, la religion commença à perdre du terrain en Europe et le prestige devint la principale raison de l’ornementation des bateaux de guerre. C’est l’époque de la Renaissance. L’art suédois au 17ème siècle était grandement influencé par le style Renaissance germano-hollandais. Plus au sud, le style Baroque était devenu dominant, mais ce n’était pas encore le cas en Suède. Le style du Vasa était donc directement inspiré de la Rome antique et de la Grèce. On trouve également quelques éléments d’origine allemande. Politiquement parlant, les rois de cette époque avaient de plus en plus de pouvoir et devenaient indépendants de l’église catholique. En particulier, le roi de Suède de l’époque de la construction du Vasa était grandement influencé par les nouvelles idées apportées par la Renaissance. Le Vasa devait en quelques sorte être une vitrine et un ambassadeur de la Suède. A travers lui, la puissance de la Suède et de son roi devait transparaître. C’était un moyen pour Gustav II Adolf d’exprimer ce qu’il était, c’est à dire la personne qu’il fallait pour que la Suède devienne une nation puissante et reconnue en Europe. Pour résumer, on peut dire que les décorations servaient de propagande pour le roi.

Le symbolisme est très important dans les décorations du Vasa. On peut prendre l’exemple d’une sculpture d’Hercule qui a été retrouvée sur le navire. Hercule était un symbole de courage et de force. A l’époque du Vasa, il était également un symbole de sagesse. Les sculptures de fruits sont également intéressantes. Les fruits étaient en effet un symbole de prospérité. Cependant, le symbolisme des sculptures est souvent plus complexe que les exemples cités précédemment. Certaines sculptures représentent différentes personnalités et caractères humains comme une personne sanguinaire ou une personne mélancolique. Dans beaucoup de cas, les relations politiques internationales influençaient également la décoration. Par exemple, on trouve des sculptures qui ridiculisaient la Pologne, un ennemi de la Suède à cette époque.

Finalement, on peut considérer le Vasa comme une œuvre d’art à travers laquelle les croyances, les mythes, les peurs et l’espoir d’un pays tout entier seraient représentés.

2.3 Opposition entre l’apparence intérieure et extérieure du bateau
La vie à bord des navires du 17ème siècle était très dure. En Suède, les navires rentraient au port en septembre pour y rester tout l’hiver et repartaient en avril-mai. Durant cette période, ils étaient réparés et des provisions pour 2 ou 3 mois étaient embarquées à bord. A cette époque, la main d’œuvre employée sur les bateaux provenait principalement de la conscription, les marins professionnels étant très rares. Il faut dire que la vie de l’équipage était particulièrement rude, ce qui contraste beaucoup avec le luxe évoqué ci-dessus. De sévères punitions étaient infligées aux marins qui désobéissaient aux règles. Par exemple, si vous disiez être mécontent de la nourriture, vous n’aviez droit qu’à du pain et de l’eau pendant 10 jours. Si vous refusiez d’obéir aux ordres, vous étiez attaché à la quille et lorsque cela se reproduisait, le fautif était tout simplement exécuté. En ce qui concerne le repos, l’équipage dormait à côté des canons et sur le pont inférieur. Les matelots dormaient à même le sol, sans matelas ou oreiller. A l’époque, le hamac, qui aurait pu leur permettre de bénéficier d’un confort précaire, n’existait pas encore. Les officiers disposaient quand même d’une couchette mais ne vivaient pas pour autant dans le luxe. Seule la cabine de l’amiral était décorée comme la chambre d’un château. Les marins n’avaient pas d’habits de rechange et cousaient eux-même leurs vêtements. De plus, la nourriture était pauvre. Elle consistait principalement en du pain, du grain, des pois, de la viande séchée et du poisson. L’équipage avalait tout cela avec de la bière. A cause du manque d’hygiène et de nourriture équilibrée, les maladies étaient fréquentes à bord. Seul un barbier-chirurgien s’occupait de soigner les malades et de couper les cheveux des marins. Il faut savoir également que beaucoup de marins ne rentraient jamais chez eux et que la mortalité était très importante à bord à cause des raisons énumérées ci-dessus.

Une autre nuisance importante était l’ennui. Durant de longues périodes, rien ne se passait à bord du galion. La plupart du temps, le bateau était ancré ou faisait le blocus d’un port. Pour passer le temps, l’équipage faisait des exercices, différents travaux d’entretien ou jouait.

Tout cela contraste beaucoup avec l’apparence extérieure du bateau, mais c’est en fait révélateur du niveau de vie de l’époque. La Suède était un pays plutôt pauvre malgré la volonté de puissance de ses dirigeants. Cela était particulièrement marquant à Stockholm qui comptait seulement 10000 habitants l’été et deux fois plus en hiver quand les marins et les soldats revenaient. La ville était dangereuse, la mortalité très importante et les incendies la ravageaient fréquemment.

3 Le renflouage
3.1 La remonté à la surface
Après plusieurs années de travail et de recherche, le spécialiste d’épave Anders Franzen localise le Vasa dans le port de Stockholm en 1956. Son projet de renflouer le bateau et de le ramener à la surface suscite beaucoup d’intérêt et est rapidement lancé. Par 30 mètres de fond, des plongeurs de la marine suédoise creusent 6 tunnels dans la vase sous le ventre du bateau de manière à y faire passer des câbles d’acier. Deux barges équipées de grues en surface permettront de remonter le bateau. Cela se fait progressivement. Le Vasa est ensuite extrait précautionneusement de la vase et est remonté juste en dessous de la surface. Plusieurs opérations de colmatage et de renforcement de la structure du navire rendues nécessaire par son état fragile sont alors effectuées. Finalement, le 24 Avril 1961, au bout de 5 ans de travail, le Vasa apparaît enfin à la surface après 333 ans d’immersion. C’est un événement planétaire. Les médias du monde entier sont présents et la télévision suédoise retransmet en direct l’événement, ce qui est une prouesse technique à l’époque. La Suède s’est arrêtée pendant ces quelques instants.

Mais le Vasa n’est pas sauvé pour autant. En effet, le vaisseau est en très mauvais état et nécessite un travail important de restauration. Pour empêcher le bois de se déformer et de se fissurer, du glycol polyéthylène est aspergé sur la coque pendant 18 ans.

3.2 Un trésor archéologique
Le travail archéologique sur le Vasa est gigantesque et n’est toujours pas fini. Entre 1963 et 1967, des plongeurs fouillent minutieusement la vase autour de l’emplacement où se trouvait le Vasa. Outre les morceaux d’épave, les archéologues découvrent de nombreux objets témoignant de la vie de l’époque comme des montres, des jeux, des couverts, des chaussures, des outils des artisans qui étaient à bord, une bible… Ainsi, les archéologues ont pu en apprendre beaucoup sur la manière dont les bateaux étaient construits et comment l’équipage vivait à bord. Mais cela ne se limite pas à la vie sur les bateaux de l’époque. En effet, de nombreux objets de la vie de tous les jours ont été trouvés et témoignent du niveau de vie de l’époque. C’est donc un véritable trésor archéologique qui a été mis au jour.

Il fut décidé que le Vasa serait restauré de manière à être le plus proche possible de ce qu’il était au 17ème siècle. Dans cette optique, les nombreuses parties de l’épave retrouvées après la remonté du Vasa ont été minutieusement répertoriées et, tel un puzzle géant, ont été progressivement replacées sur la coque. Même si la majeure partie des pièces manquantes a été retrouvée, il fut nécessaire de reconstituer certaines d’entre elles. On peut les reconnaître sur le bateau à leur aspect plus clair que le reste de la coque. Il est également décidé de ne pas repeindre les sculptures, même si des tentatives de retrouver les couleurs d’origine ont lieu. Cette reconstitution du Vasa a nécessité un travail très important de recherche sur les navires contemporains du Vasa. Des dessins et des gravures du bateau ont été utilisées. C’est également en observant des représentations de galions tel que le Saint Louis français, dont le Vasa est directement inspiré, que les archéologues ont pu le restaurer fidèlement.

3.3 La redécouverte du passé de la Suède
En 1990, la plus grosse partie du travail de restauration est terminée et le Vasa est placé dans un nouveau musée à température et humidité constantes. Outre le navire, les visiteurs peuvent y découvrir de nombreux objets découverts à bord ainsi que des reconstitutions de scènes d’époque. Ce musée est aujourd’hui le plus connu et le plus visité de Suède avec plus de 750000 visiteurs par an ce qui montre la popularité de ce vaisseau. C’est en effet le seul galion du 17ème siècle à avoir été remonté à la surface et exposé dans un musée.

La redécouverte du Vasa restera un événement très important dans l’histoire de la Suède. En effet, c’est un pan entier de son histoire qui ressurgit, et pas n’importe lequel. Comme je l’ai montré précédemment, la Suède devient une puissance majeure en Europe au 17ème siècle et de nombreux changement ont lieu dans la société. C’est pour cette raison que tant d’énergie et d’argent sont dépensés pour la sauvegarde de cette épave. Cette fierté nationale peut paraître paradoxale du fait que le Vasa ait coulé lors de sa mise a l’eau et n’ait jamais montré sa vraie valeur. Pour tenter d’expliquer cela, on peut comparer l’histoire du Vasa à celle du Titanic. Ce sont en effet deux navires qui devaient être les plus gros, les plus puissants et les plus rapides de leur époque et qui ont coulé lors de leur inauguration. Comme pour le Vasa, le Titanic est resté un symbole de grandeur et de richesse. En fait, ce que l’histoire a retenu, c’est non pas le naufrage du Vasa, mais ce qu’il aurait dû être, c’est à dire le fer de lance de la Suède. Il l’est finalement devenu avec 350 ans de retard… De plus, son naufrage est paradoxalement ce qui lui a permis de résister au temps. Si le Vasa n’avait pas coulé à Stockholm, il aurait sans doute été perdu en haute mer lors d’une bataille navale ou aurait été démonté à la fin de sa vie. On n’aurait alors eu aucune trace autre que des représentations de ce monument.

Conclusion
Le Vasa était l’un des bateaux les plus grand, puissant et richement décoré de son époque. Sa construction répondait à un besoin d’une marine forte exprimé par le roi Gustav II Adolf. Construire un tel bateau était pour lui l’occasion de montrer sa puissance au monde entier. Le Vasa devait être en quelque sorte un ambassadeur de la nation suédoise. Cependant, ce qui a révélé au monde l’existence de ce bateau est sa redécouverte et son renflouage. C’est le seul galion original du 17ème siècle à avoir été restauré et qui apparaît remarquablement bien conservé. C’est un véritable trésor archéologique. Il a permis d’en savoir beaucoup sur la Suède du 17ème siècle. C’est pourquoi, tout ce qui a trait à ce vaisseau est très largement médiatisé. Aujourd’hui, le Vasa est un musée mais n’est pas sauvé pour autant. De nombreux problèmes liés à la conservation du bois sont apparus et des recherches sont en cours pour tenter de conserver le représentant d’un pan entier de l’histoire suédoise et la fierté d’une nation.

Bibliographie
LANDSTRÖM Björn. Histoire du voilier. Paris : Albin Michel, 1969, 185 p.

Case : the Vasa capsize. Disponible sur http://dossantos.cbpa.louisville.edu/courses/cis675/vasa/index.htm (consulté le 20/05/04)

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Square-Rigged ship history. Disponible sur http://www.greatgridlock.net/Sqrigg/squrig.html (consulté le 20/05/04)

Commentaires:

Commentaire de: joron [Visiteur] Email
exellent travail tres bien ses commentaires tout est bien detaille
Permalien 22.03.06 @ 14:57
Commentaire de: seb [Visiteur] Email
je m interesse a l archeologie marine,et je dois avouer que ce site est tres interessant.C est vraiment un exellent travail,resumé peut etre mais c'est ce qui en fait sa force car un compte rendu trop detaillé aurait pu rebuter certains,mais la l essentiel y est,c'est vraiment exeptionnel.Bravo!
Permalien 16.04.06 @ 12:38
Commentaire de: max [Visiteur] Email
Waw je constate que tu es de l'INSA de Lyon, moi je suis de l'INSA de rennes (option Génie Civil). J'adorerais partir en suède pour ma 5ème année, mais je n'ai pas trouvé d'université qui enseigne dans ce domaine. Peut etre aurais-tu quelques tuyaux a me donner... En tout cas bravo pour ton site! Max
Permalien 02.08.06 @ 02:14

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